J'ai compris ce matin, que mon coeur allait mourir.


Trouble du rythme cardiaque.
J'ai pas ça, mais je vais quand même vous dire que je l'ai.
En fait, mon coeur, je maitrise pas trop.
J'ai cru mourir plusieurs fois, a cause de lui.
Enfin, un seule fois vraiment.

Le truc, c'est que ce matin, ils ont raconté tout un truc.
C'était une chronique. Une histoire quoi.
Mon histoire.

L'histoire d'un mec.
Le mec qui sort et qui rentre de votre immeuble tous les jours à la même minute.
Pour ne pas dire seconde. C'est moi.
Ce mec que l'on voit passer, que l'on ne peut croiser que dans l'ascenseur, c'est moi.
Il suit les mêmes lignes. Les mêmes horaires. Marche dans ses pas de la veille.
On le voit passer, de sa voiture jusqu'à la porte d'entrée du bâtiment A.
Puis petit a petit, il disparait. La tête. Le dos. Les fesses. Les jambes. Les chaussures.
C'est finit. Après on ne sait plus ce qu'il se passe.

Au début ça parle de l'irrégularité des battements du coeur.
Jusque là ça me va. Je trouve ça.. "interessant".
C'est la partie où je passe devant le bâtiment.
Puis c'est moins interessant, plus terre à terre.
Formation d'un caillot sanguin qui peut se détacher et cheminer vers le cerveau.
Le mot caillot je l'aime pas trop. Ca me fait un peu peur.
Ca rime avec mort. Mais je sais pas ce que c'est et je veux pas le savoir.
Bref, c'est la partie que vous ne voyez pas. Celle où je prends l'ascenseur.
Et vous serez sans doute extrêmement déçus d'apprendre que l'histoire s'arrête ici.
La chronique continue.
On parle "d' accident vasculaire cérébral", puis mon préféré, "Insuffisance cardiaque".
Il n'y a pas de suite.
Je suis dans l'ascenseur et mon coeur décide de jeter les armes.
Il me laisse là, comme ça, tout seul.
J'ai comme l'impression que c'est la vie qui m'a posé un lapin.
Pourtant ce n'est que mon coeur.
Et le mec que vous avez vu passé vendredi à midi 08 dans la petite allée qui longe le bâtiment A, est mort.
Seul. Dans l'ascenseur.

Ils ont dit que les battements du coeur, trop irréguliers, le fatigue.
Et avec le temps, il s'abime. Et se meurt.
Vous comprenez ? Il se fatigue à battre de façon irrégulière.
Je l'ai bien aimé cette histoire du matin.
Je finissais mon chocolat, je m'apprétais à monter à la sdb.
Et l'histoire m'a avalée. Je suis resté debout, attentif comme jamais.

Et je suis mort. Quatre heure et cinquante minutes plus tard.



Publié par Mathias, le Vendredi 5 février 2010 à 19:38

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