Enchanté, moi c'est Mathias.

C'était pourtant la base de s'appeler par nos prénoms.
Après, pour le reste, il est évident que je mentirai.
Je pourrai m'appeler Al', avoir 25ans dans 3 jours, habiter près de Lorient.
Avoir pour passion la natation, la lecture, et un faible pour les dominos.
M'enfin je vous laisse imaginer tout ça à votre façon.
Simplement, moi, c'est Mathias.

Avant je mangeais quelques BN par ci par là, comme ça.
Et maintenant je mange des Prince de Lu.
Pourquoi ?
Pour combler un manque.
C'est ce que m'a dit Pauline, et il ne faut pas avoir fait une école d'Ingé pour comprendre que c'est pas faux.
Sauf que j'en parle parce que ça devient grave.
Comme une drogue.

Je sais pas si c'est parce qu'il faut froid dehors ou parce que j'ai les yeux fatigués, mais lorsque je sors j'ai les yeux tout humides, comme si j'allais pleurer. Et j'aime bien ça. Comme si j'arrivais à pleurer vraiment. Et en plus en publique?! Ca donne une sorte de sensation de liberté. Et en plus je suis couvert par l'idée que cela ne vient pas de moi, mais du temps qu'il fait.

J'avais 36 tonnes de choses à faire ce samedi, plein de papiers, de trucs a régler.
Et nous voilà samedi, 14h30 passés, et à part le poison qui est en moi, rien est fait.
Je ne sais même plus de quoi je devais m'occuper.
Il fait gris, il fait nuit, il fait froid.
Les gens restent chez eux, s'ennuient, ou pas, font un scrabble, un monopoly, regardent la télé, boivent un chocolat, font l'amour, du ménage, ou je ne sais quoi encore.
Dehors quelques rares voitures circulent, elles semblent vides.
On dirait que des acteurs se sont dévoués pour sortir par ce temps horrible, histoire de ne pas laisser cette route vide. Pour donner l'impression que tout sert à quelque chose.
Quoi que, nous sommes les 12 décembre, il doit y avoir un bon paquet de fanatic* dans les magasins. 
Ces gens si loin de moi, sur d'autres ondes, ou d'autres vagues.

C'est comme dans la salle d'attente, je n'ai pas compris.
Trois dames sont arrivées après moi, et à peine arrivées, elles se sont jetées sur les quelques revues posées là, pour elles.
Elles tournent les pages tellement vite qu'elles ne regardent rien.
Alors je vous le demande, pourquoi elles font ça ? Pourquoi vous faites ça ?
Prendre ces revues dépassées, froissées et périmées qui ne vous apportent rien. Quel est le but.
Un défouloir sans doute. Ou autre chose.
Je me souviens la première, l'unique et dernière fois avoir "joué le jeu".
J'étais tout petit, ma maman m'accompagnait chez le docteur pour un mal de gorges.
La déco de la salle d'attente avait changée.
Il y avait un piano à notre gauche. Euh, si là aussi quelqu'un peut m'expliquer le piano tant qu'on y est..
On était tous les deux dans la salle d'attente et j'ai pris un magazine.
Ouais, touché, plein de fois. Chez un docteur. Ca m'a dérangé de le prendre, j'imaginais le paquet de microbes, ce que les gens pouvaient avoir, si ça pouvait etre contagieux etc, bref. Je crois que j'ai feuileté encore plus vite que les dames d'aujourd'hui, et je l'ai reposé, ça a dû durer une dizaine de secondes.

J'ai bien conscience que cet article n'a pas le moindre intérêt si ce n'est faire passer le temps.

Je n'ai jamais été bien expansif mis à part mes moments de bad trip.
Je vis les trucs à l'intérieur.
C'est comme s'il y avait une grande scène et que plein d'histoires se jouaient.
Pas du théâtre hein, mais des films, des musiques, à ressentir.
Des minicourts métrages. Des séquences.
Commes ces petits instants vers lesquels on court.
Qui se sauvent et nous échappent.

Rien à voir, mais.
Bien sûr desfois "on a envie de mourir".
Sauf qu'on ne doit pas.
Parce que c'est pas juste "arrêter de vivre et de souffrir" ou n'importe quoi d'autre, nan.
Cela n'a rien a voir.
C'est quelque chose à part.
D'infiniment Noir.
Et bien pire que ça.

Alors on se met en rang deux par deux, on se tient la main, et on espère.
Qu'un jour ça changera.
Avec un peu de chance et sur un malentendu, on aura droit à un bisou.
Quelque part. Quelque quand.

J'aurai bien terminé par un truc sobre et qui laisse à réfléchir genre "Il faut que chacun trouve sa voie".
Mais étant donné que je ne la cherche pas, on me retournera la chose.
Et j'aime pas ça.


Mon chef m'a dit de le crier au monde entier:
C'est moi, Mathias.




Publié par Mathias, le Samedi 12 décembre 2009 à 15:07

Par WhiteLie le Samedi 12 décembre 2009 à 15:33
Enchantée Mathias . ce texte vient d'Astérix (: .
Par pascommelesautres le Dimanche 11 avril 2010 à 14:20
"Quelque part. Quelque quand." (Je suis une addict des néologismes, et celui-là je le trouve très chouette. Fin, si on peut dire néologisme. Bref, je sers à rien.)
Mathias, c'est un chouette prénom, le crier au monde entier c'est peut-être pas une mauvaise idée.
 

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