Je n'écris pas pour exister.
J'écris pour me prouver que j'existe, du verbe exister.
Il y a des mots, des choses et des "idées" qui sortent de la tête d'une personne dans cet univers à un instant t parmi la fourmilière. Vous y êtes, c'est ici, mais ces mots, à l'heure où vous les lisez sont déjà périmés. Mince, plus d'actualité. Il faudrait alors peut être me connaitre, me côtoyer, parler ensemble pour capter l'instant t. Mais cela ne se fera pas. Alors peut être que je n'existe pas. Mais si, ces mots sont là justement. Mais suis-je encore là au moment où vous lisez ? La probabilité est assez grande, mais moi et les maths ça fait deux, ou trois, je ne sais pas. Contrairement aux apparences, je crois que j'aime bien les gens. Individuellement y'en a plein d'intéressants. Je me demande souvent comment on a pu être aussi différents, tous, et aussi nombreux. Avec une tête différente de celle du voisin, etc. Il suffit de regarder les gens dans les voitures lorsqu'on attend à un feu. Les voitures qui elles, passent. Toutes ces têtes, ces comportements, ces milliards d'interprétations que l'on pourrait donner à un regard, furtif ou non, suivant sa durée, son insistance, son geste prononcé ou pas, les yeux, la direction du regard, la bouche qui peut s'en mêler, les sourcils aussi, etc. Alors il y a ces gens là. Mais ces gens là sont aussi les gens qui passent à la tv pour leurs problèmes de famille, de couple, de sexualité, leurs maladies plus ou moins étranges, leurs facultés à savoir faire des choses, ou au contraire leurs handicapes, celui qui n'a jamais vu son père, celui qui a perdu la femme qu'il aimait plus que tout, le mari qui s'est suicidé sans raison, les enfants qui ont fugué, les problèmes psychiatriques, la demoiselle qui a peur de tuer qqun quand elle est proche d'un couteau alors qu'on sait forcément qu'elle ne le fera jamais, l'anorexique, la boulimique, les deux, les angoisses inutiles, le geek et la no life, la junkie dépendante malheureuse et la sado maso soumise et heureuse. Parmi ces gens, se suivent les millions d'histoires qu'ils trainent. Celui qui est quelqu'un d'important, qui a fait ci ou ça, l'autre qui vit le plus beau jour de sa vie, et quatre voitures plus loin celle qui part au suicide. L'homme pressé au sandwich et la femme stressée par son rendez vous et le soucis du mascara et du choix du rouge à lèvres. Le "grande gueule", ce fumeur enervé, le monde le fait chier mais il est heureux de se laisser prendre pour le roi du pétrole au volant de sa grosse voiture qui pollue, l'écolo qui le suit et qui pense tout bas ce que personne fait tout haut, attendant que ceux des voitures à coté agissent pour la planète. L'autre se rend à sa première soirée pendant que la plupart de la meute sont rentrés du boulot quelques heures plus tôt. Le stresse d'un grand rendez vous au bout du chemin, ou les retrouvailles d'un proche. Puis tout défile, sans cesse, avec des vagues plus ou moins importantes en intensité. La camionnette de l'entreprise avec le nom d'une personne inconnue (qui gagne plus d'argent que la personne qui conduit) en gros caractère dessus, suivit de la voiture tuné, vitres tintées. Ce que beaucoup ignorent c'est que leur voisin se trouve à 24 secondes derrières alors que 8minutes plus tôt il y avait la personne qui avait loué le même appartement qu'eux la deuxième semaine d'aout dans cette région qu'ils aiment tant. Inutile de préciser que pour le vol 8662 de Corsair le 18 février se trouvait dans le même avion que le meilleur ami du beau frère de la femme de la 306 métallisée qui faisait partie du vol, mais elle ne pouvait pas le deviner. Elle ne le connait pas, mais elle s'est retrouvé près de cette connaissance qui n'en est qu'une sur le papier, le 25 février à 12000km de son domicile. Bref, je passe le mec en costard et lunettes de soleil qui apprend qu'il va être papa et qui ne sait pas comment profiter de cet instant, doit il en avoir peur, est-il heureux, de toute façon, il n'a plus le choix. Une autre personne enrobée, un peu, au sandwich, mais je dois avancer, le feu passe au vert. Coup d'œil dans le rétro et le regard qui se croise avec l'inconnu de derrière. D'ou viennent-ils ? Ou vont-ils tous ces gens ? Est ce que ce n'est pas qu'un film tout ça, avec tous ces acteurs à la "Truman show", je me sens seul dans ma voiture. Chacun est seul, chacun est spectateur des autres autour. J'ai envie de prendre quelqu'un en stop. J'en ai trop envie. Qu'il/elle me raconte son histoire. Il y a toujours une histoire. J'ai envie d'une belle histoire, comme dans les films, mais je n'aime pas quand ça s'arrête. Comme cette fois où je suis monté dans ce taxi avant de partir en Afrique, j'étais a l'arrière, le chauffeur était une femme très jolie, qui n'avait pas la tête de l'emploi. Et j'étais assis à coté de son fils, son bébé. Je crois bien qu'il était tout petit, minus et tout mignon. J'avais des choses en tête, de l'admiration pour elle et sur son histoire, de son coté elle travaillait mais transportait quelqu'un qui serait en Afrique demain. Puis on est arrivé à destination, et là, tout s'est arrêté. "Merci, bonne soirée, au revoir". Le livre se ferme, l'histoire prend déjà fin. Mais nan, ne partez pas ! Je veux en savoir plus, j'adore vous parler, votre fils est trop mignon, je veux toucher a nouveau ses p'tits doigts. Nan, tout est bel est bien finit. C'est triste. Y'a pleins de gens avec qui on a envie de passer plein de temps. Etrangement ce sont quasiment toujours ceux qu'on ne reverra pas. Alors oui, je veux passer un moment avec un(e) inconnu(e) qui a une belle histoire et ne plus dire "au revoir". Tout ça pour dire que tout ce que l'homme a créé, absolument tout, vient des gens en voiture autour de nous. Quelque part c'est fascinant, quelque part ça rassure. En ce qui me concerne en tout cas. Parce que je me dis qu'il existe de tout. On est tous différent. Il y a forcément dans la file dans gens qui peuvent nous apporter quelque chose. Il y aurait encore tellement à dire. J'ai envie qu'on m'apporte des choses, comme j'ai envie d'en apporter. J'ai envie de vous, de votre histoire.



Publié par Mathias, le Samedi 16 février 2008 à 22:58

Par crash.me le Dimanche 17 février 2008 à 10:59
Que dire de ça ... C'est vraiment très beau ce que tu écris ( sincèrement ). Et c'est tellement vrai ... y'a tellement d'histoires interessantes à raconter, à écouter. Y'a tellement de gens différents, qui pouraient s'apporter beaucoup de chose qu'ls n'imaginent même pas si ils se rencontraient. Je pense qu'on a tous besoin de personnes qu'on ne connait pas, y'a forçément quelqu'un parmis ce tas de monde dont on ne pourait plus ce passer. Je trouve ça attroce de se dire que trop de monde ressentent la même solitude, alors qu'ensemble ils pouraient s'épanouïr, mais qu'ils ne se connaisent pas alors qu'un rien les séparent. Et puis tu dis que tu veux de nos histoires, mais la tienne ?... Je crois qu'on est beaucoup à la vouloir aussi ...
Je vais réfléchir à ça, et peu être que je te raconterai un jour mon histoire à moi en espérant que tu me raconte la tienne en retour. Sur ce. Bonne journée ! bisous.
Par pand0ra le Dimanche 17 février 2008 à 11:45
Je me surprends aussi très souvent à imaginer ce genre de choses quand je suis entourée de mondes.
A défaut d'analyser chacun individuellement, oui l'apparence compte beaucoup, et si l'être humain arrêtait de se mentir en disant qu'il accorde l'importance à la personnalité ?
La personnalité joue un grand rôle mais l'apparence aussi : ils vont de pair.
Par Maybe.Be le Lundi 18 février 2008 à 15:04
Euhm... Magnifiquement écris.. Et magnifiquement vrai surtout... Mais le monde au jour d'aujourd'hui est trop pressé..Trop stressé peut-être pour se permettre de prendre du temps pour un(e) inconnu(e).. C'est pourtant dommage.. Ca éviterait surement beaucoup de choses.. Les jugements.. Les préjugés... On apprendrait à connaitre.. Lui. Elle. Eux. Vous. Tout ces gens que Tu cites là.. Et tout les Autres aussi.. Sans jamais avoir à dire au revoir comme Tu le dis.. Mouaip... Mais le monde d'aujourd'hui est trop pressé.. Trop stressé peut-être pour se permettre de prendre du temps pour un(e) inconnu(e)... Ou alors L'Etre Humain est trop égoïste.. Ou alors.. Ou alors...
Par artistiya le Lundi 18 février 2008 à 19:42
Et à côté de ça, il y a tous ces gens qui nous entourent et qu'on ne voit pas.
Ah nan, y'a les amis. Mais les amis on les connais pas plus que l'inconnu au coin d'la rue. Parce qu'on le voit souvent l'ami, qu'on se dit qu'on sait déjà ce qu'il faut savoir.
Je regrette. Je regrette que les gens qui m'ont approché au plus près ne savent pas qui je suis.
Je regrette ne montrer que des morceaux d'mon être.
J'aimerais connaître une personne vraiment bien. Juste une.
Par Asfolass le Lundi 18 février 2008 à 21:06
je voudrais te dire, avec la plus grande sincérité, j'aimerais te dire, que tes mots m'ont bouleversés
pourquoi ces mots m'ont fait avoir les larmes aux yeux?
pourquoi ressentir toutes ces emotions a la fois, je ne comprend meme pas ce qu'elles sont ces emotions, mais elles deferlent en moi au fur et a mesure que je lis tes mots.... c'est etrange.
.
oui il y a tout sa.
tu decris simplement la réalité, tel que tu la vois.
c'est si vrai.
je comprends ton envie, parfois je me dis que j'ai la même.
voir une personne dans la rue, et avoir envie de lui parler... de la connaitre. je me surprend a avoir envie de discuter avec cette personne a coté de moi dans le tram. elle écoute de la musique, j'ai envie de savoir laquelle, savoir ce qu'il aime ... échanger des mots des paroles.. échanger tant de choses..
mais personne ne va voir personne. époque individualiste chacun pour sa gueule
temps pourris
tant de qualités se perdent hélas

bonne soirée.
=)
bisous
 

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