Je voulais raconter ma vie avant d'entamer une pause.
Parce que ma vie est palpitante.
Hier.
Hier fût une journée de samedi, avec tout ce que l'on fait les samedis.
On fait les courses, en général. Sauf les excités qui planifient leur vie comme ils planifient au travail. En général ceux là les font la semaine, en sortant du travail à 19 ou 20h.
Organisation d'une semaine, d'un week end, compter les heures, se fixer des rendez vous.
"De 14h15 à 16h30: Détente dans le parc avec les enfants. Ne pas oublier le bob du p'tit, il va faire chaud."
Moi je fais les courses le matin, j'essaye d'y être à l'ouverture. J'aime pas le monde. Je n'aime pas non plus ces gens bizarre qui conduisent leur chariot comme ils conduisent en voiture. Ces gens qui arrivent trop tôt et qui attendent que le rideau de fer se lève. Généralement ils sont vieux et il achètent pour moins de 10 euros. Il faut donc arriver à 8h37. C'est bien 37, on est sûr que c'est ouvert, et il n'y a pas trop de monde. Je suis donc arrivé à 37. Le laveur de vitre lavait les vitres. Les vieux à la bourre arrivaient à la bourre, les gens bizarre prenaient un petit déjeuner dans le Mac truc, plus loin sur la droite une dame retirait de l'argent, une fille attendait, le vendeur de journaux vendaient des journaux, tout était bien en place.
10 minutes plus tard montre en main je ressortais et un mec bizarre devant moi achetait juste une sorte de petite lingette. "1,50eur s'il vous plait". Il paye avec des pièces sorties d'un porte monnaie qui a du vécu. Un joli sourire de la caissière qui entamait sa journée de merde et 37,70 euros plus tard, je rentrais.
En temps que malade mental no life mal dans sa peau, je repartais une fois m'être changé, pour aller courir. Le but étant de transformer le mal intérieur en maux extérieur. Je ne sais pas si on peut qualifier cette pratique de sado masochiste. Je saute les étapes d'étirements et autre préparation dont je n'ai pas le secret, pour bien me faire du mal. Ah, puis surtout, ne pas s'hydrater, ça sert à rien. J'ai couru du sud au nord. Je me suis arrêté au parc (jusque là, que d'originalité!). Y'avait une fille qui arrêtait pas de me regarder. Je la regardais aussi, parce que j'aime bien. C'est beau. Un groupe pour un mariage qui s'invitait, et je remettais mes deux écouteurs. Il n'y a que moi, la musique, et mes pensées. "J'ai une idée! on va faire une photo, vous allez tous vous mettre sur les marches, avec les arcades derrière!". Ah. Ah. Ah. Ca aussi c'est original. Ce que l'histoire ne dit pas, c'est qu'il y aura d'autres mariages, peut être même dans la même journée, et que les photos seront les mêmes. Demandez leur une photo, un coup de photoshop avec vos photos et vous gagnerez du temps pour les photos de votre mariage. Bref. Un chinois genre 19ans en face, hésite. Il a sont appareil à la main, et a envie de faire une macro avec les fleurs qui sont devant. Je lui colle la pression en le regardant. Je regarde donc ailleurs pour qu'il prenne sa photo, chose qu'il fait de suite. Les vieux passent et me regardent. Je sais pas. Tout le monde me regarde de cette façon, ou presque. Ca dépend des profils. Est-ce que tout se voit ? Peut-être. Est-ce que je me fais des films? Surement.
Au bout d'un moment, la fille me regarde une dernière fois et s'en va. D'autres arrivent alors je pars. Il faut tout se retaper dans l'autre sens. Heureusement, je l'aperçois, et oui, il est bien là! Le Géant. On est au trois quarts, je suis mort alors je marche. Arrivé à son niveau, je le regarde pour lui dire bonjour, et hop, il lève la tête et regarde le TER qui attend sur le pont. Raaa. Nul. Et là, tout prend un sens. Pas celui que j'aurai voulu malheureusement. Lui, il a pas besoin de moi. Même pas d'un bonjour. Pourtant c'était un Géant, et il avait l'air gentil.
Aujourd'hui.
Aujourd'hui j'ai traversé la ville dans tous les sens. J'étais à vélo. Lunettes de soleil, casquette. Musique. Complètement enfermé quoi. Ca me permet de me faire des films et de trouver les choses magnifiques, là où elles sont tristes et sales. Je suis monté à Fourvière, pour être sûr d'avoir mal. La montée de la mort qui tue. Mais montée quand même. Je me suis même autorisé des "presque freinages" quand les gens sur le trottoir prenaient toute la place. Et les vieux me regardent comme si c'était marqué Virenque sur mon front, et que je montais le Mont Ventoux. Une fois en haut, ben je savais pas quoi faire, y'avait des gens qui croient en Dieu, d'autres qui croient en leur appareil photo, et moi au milieu qui ne sait pas en quoi croire. Alors je suis redescendu bêtement. Il y avait une fille dans la descente. C'est étrange quand même. Comme c'est beau. Une fois en bas je suis repartis à gauche. Remonté la Saône. Puis redescendu. Traversé Bellecour. Puis remonté le Rhône. Puis redescendu. A Gerland je me suis arrêté. Assis sur un banc. Il y avait l'herbe en dessous qui arrivait jusqu'au banc, et je trouvais ça beau. J'ai falli prendre une photo. Mais j'ai faillu avoir l'air con aussi. Il y avait une femme en face, qui lisait. Il y avait un couple derrière. Puis un autre au loin. Derrière à droite, une fille desespérée avec ses deux chihuahuas. Derrière, deux mecs qui bronzaient dans l'herbe. J'avais les cheveux qui ressemblaient à rien. La casquette écrasée sur le coté à cause du soleil. Bref, j'étais comme une loc' et j'étais bien. Il faisait chaud. Il y avait une légère brise, et on ne pouvait se sentir que bien. Je pensais. Je regardais, j'imaginais.
Avant d'entamer "Un jour", je voulais dire qu'en revenant j'ai remarqué que j'avais assez bronzé pour avoir la marque du tshirt. Arf.
Un jour.
C'est un truc que j'ai jamais fait ça, vous savez ceux qui courent torse nu, etc. Faut quand même vachement s'assumer quoi. Et puisque nous sommes dans l'Assumation de soi, je voudrais dire que le Géant, il me saoule lol. Si je le recroise, je lui dis bonjour et puis c'est tout. Il en fera ce qu'il voudra. Ca c'était la première chose. Je le ferai.
Autre chose, comme je viens de le dire, il faut que je fasse ça là. Courir torse nu. Ce n'est pas le fait de l'être qui m'importe, c'est juste pour apprendre à s'accepter. Je sais pas comment dire. Le faire, quand on ne s'aime pas. Ca doit donner encore plus envie de se faire du mal en y pensant. Mais. Je le ferai.
Puis autre chose bis, quelque chose qui me tient à coeur. Malgré ce que pourront en penser certains. C'est vrai, attends deux secondes j'argumente, c'est vrai, c'est bizarre de ne pas dire certaines choses alors ça ne changera rien à rien. A part à assumer, à s'accepter, toujours pareil quoi. J'ai chaque jour plus conscience que ça ne sert à rien de jouer un rôle, de dire ce qu'il faut dire pour plaire au voisin, ou à j'sais pas qui. Il faut s'assumer. C'est une des clés du bonheur sans doute. Puis ça ne peut que nous rapprocher des gens qui nous correspondent. Puis j'ai pas envie de me justifier en fait. Il y a tellement de raisons. Je voulais dire que je voulais toucher la Liberté aussi. Cet été. Juste pour voir. Ressentir. Quelque chose de naturel, d'infiniment basique, toucher la moelle de la vie. Ressentir la vie. Bref. Je veux nager nu dans la mer. lol c'est con hein. C'est marrant. bref. Juste ça quoi. C'est tellement.. rien que 10 secondes. 1 min. Un jour. Je suppose que ça ne se dit pas. Peut être que chacun ressens ce besoin. Mais que c'est trop intime. Alors on fait pas. Je ne sais pas si ça se dit pas, si ça se fait pas, ou les deux. Alors dans le doute.. Je le ferai.
Ah, puis autre chose d'infiniment important à propos de cette vidéo.
J'aime bien le petit hibou et le petit lapin.